- 1958. On me proposait de collaborer avec ce jeune débutant qui allait entreprendre son deuxième film : « Les Cousins ». Bon, après tout, pourquoi pas ?
Il advint que nous nous sommes très bien entendus, et que Claude me redemanda pour son film suivant : « A Double Tour » (1959) ; il me pria de lui fournir une partition du plus pur style Ravel, ce qui, bien entendu, ne pouvait que m’encourager.
L’enregistrement terminé, il se déclara enchanté ; j’avais, de toute évidence, comblé ses vœux.
C’est alors que se produisit un incident inattendu. Le premier assistant du metteur en scène ne partageait pas les goûts de son patron, et il s’éleva contre le « classicisme » de ma musique, laquelle, d’après lui, suivait de trop près les sentiments des personnages.
Claude Chabrol…Mémoires non éditées de Paul Misraki, archives familiales.
« Pléonasme ! », clamait-il avec une telle conviction que Claude, impressionné, renonça à m’appeler pour son film suivant, Les Bonnes Femmes (1960).
Il tint cependant à me confier les scènes de danse ; comme l’action du film se déroulait en majeure partie dans une boîte de nuit, cela représentait tout de même un assez long travail. Ce fut à cette occasion que je composai la « Valse des Bonnes Femmes », une musique que j’écoute encore avec plaisir [NLDR : écrit en 1994], et dont Claude Chabrol a eu la gentillesse de me dire qu’elle « emportait le morceau ». »